L’indiennage neuchâtelois prospère au 18e siècle et les manufactures proposent de nombreux tissus originaux grâce à la création des dessinateurs, à la minutie des graveurs sur bois, mais aussi à des astuces techniques, comme l’emploi de pointes métalliques ou de bandes fichées dans le support. Finesse du trait et résistance du matériel d’impression conduisent à de tels procédés. Au départ, on travaille au canif, à la gouge (appelée parfois butavan), en creusant les parties qui doivent rester blanches, faisant ainsi apparaître le dessin en relief.
Ce bois d’impression a été réalisé non seulement par la gravure sur bois (procédé employé dès les origines sur bois dur, comme les arbres fruitiers), mais encore par l’incrustation de picots et de lamelles de métal (cuivre) sur la même planche. Le motif floral est imaginaire : si l’on peut voir des étamines, comment interpréter les petites fleurs rouges à cinq pétales, à l’intérieur d’un calice très développé ? Les motifs ne cherchent pas à imiter la nature, ils sont souvent nés de l’imagination du dessinateur.
Cette dernière technique permet plus de finesse dans l’impression et une meilleure résistance de la planche. Elle fait appel à un graveur qui sait inciser le support pour y placer une lamelle ou ficher des petits clous disposés de telle sorte qu’ils forment un motif. Plus tard ou parallèlement, les manufactures travailleront au rouleau métallique afin d’optimiser la production. Ce nouveau procédé limite la créativité à la circonférence dudit rouleau ! La gravure de l’acier ou d’un autre alliage appelle des outils adéquats (burins) ou d’autres techniques (taille douce ou eau-forte, par exemple). En revanche, l’emploi du rouleau permet une impression beaucoup plus rapide, donc plus économique.
Evard, Maurice, Odyssée aux confins de l’indiennage, Editions de la Chatière, 2013.
Evard, Maurice, Toiles peintes neuchâteloises: techniques, commerce et délocalisation, Nouvelle revue neuchâteloise, 2006.