Simon Chevalier (attesté dès 1650, décédé en 1711), à qui cette coupe a été offerte, occupe des fonctions importantes auprès de la maison d’Orléans. Il est en effet successivement médecin personnel d’Henri II de Longueville, d’Anne-Geneviève de Bourbon et de Marie de Nemours. Dès 1680, il mène une brillante carrière politique en assumant les charges de châtelain de Thielle, maire de Saint-Blaise et conseiller d’Etat. Il est anobli en 1681. Une année plus tard, lors du conflit successoral qui oppose Marie de Nemours au prince de Condé, il est suspendu de ses fonctions en raison de ses liens avec cette dernière. Mais dès l’accession de la duchesse de Nemours à la tête de la principauté de Neuchâtel en 1694, il est rétabli dans ses charges.
Cette coupe en argent martelé, partiellement dorée, comporte un pied circulaire en dôme aplati décoré de fruits, de feuilles et d’oiseaux ciselés. Le vase a un décor similaire. La tige est formée d’une statuette représentant une jeune femme vêtue à l’antique qui brandit une oriflamme dorée dont les pointes s’enroulent autour de son corps et de ses jambes. Le bord supérieur de la coupe est cerclé d’un bandeau sur lequel est gravé: « Presenté à Noble & Vertueux Sr. Simon Chevalier Conseiller d’Etat Châtelain de Tiele, et medecin ord: de S: A: Sme, Par ses Justiciers qui sont : Elie Bugnot Lieut: Antoine Doudiet, Gedeon Prince, Jean Tissot, Elie Bugnot le jeune, Elie Pétér Gréfier, Abraham Clotu Not: Jean Prince dit Clotu, Esaye Virechaux, Jean Dardel, & Jean Clotu dit Nicollet 1695». Sur le bord du pied figure le poinçon de l’orfèvre Nicolas Matthey ainsi que l’aigle de Neuchâtel chevronnée.
Au XVIIe siècle, la principauté de Neuchâtel est divisée en 21 mairies qui rendent la justice sur leur territoire. Les maires bénéficient de l’assistance de justiciers qui résident dans les principales communes de leur juridiction. Simon Chevalier, châtelain de Thielle et maire de Saint-Blaise, rend ainsi la justice à Saint-Blaise, Marin-Epagnier, Thielle, Wavre, Cornaux, Voëns, Maley, Hauterive et La Coudre. Comme le précise l’inscription figurant sur le vase, ce sont donc les justiciers de ces différentes localités qui offrent à leur maire cette coupe pour lui marquer leur reconnaissance. Ce fait est assez rare. Il montre l’estime dont jouissait Simon Chevalier dans la Principauté et plus particulièrement dans la mairie dont il avait la charge.
Jelmini, Jean-Pierre, « Coupe offerte à Simon Chevalier en 1695 », Musée neuchâtelois, 1979, pp. 147-149.
Junier Clerc, Caroline, Krenz, Vincent, Orfèvrerie neuchâteloise du XVIIe au XXe siècle, Neuchâtel : Musée d’art et d’histoire, 1993, p. 103.