Né en 1709 à Neuchâtel, David de Pury suit une formation commerciale à Marseille avant de partir pour Londres en 1730. Il entre au service de la South Sea Company et obtient la citoyenneté britannique. C’est à Lisbonne où il réside dès 1736 qu’il établit sa fortune dans le commerce des diamants et des bois précieux. Malgré des pertes considérables lors du tremblement de terre de 1755, il reconstitue son capital et devient le banquier du roi du Portugal en 1762. A sa mort en 1786, il est à la tête d’une fortune considérable qu’il lègue par testament à sa ville natale.
Le testament olographe de David de Pury a été rédigé le 30 janvier 1777. Après avoir légué de petites sommes à quelques proches, il institue « pour héritiers universels du restant de tous mes biens tant présens que futurs, la Ville et Bourgeoisie de Neufchatel en Suisse, ma patrie ». Le montant ainsi mis à disposition des autorités neuchâteloises (environ deux millions deux cent cinquante mille livres tournois) doit être divisé en deux parts : « La première portion devra être employée en œuvres pies et de charité (….). La seconde portion ou autre demi du restant de mes biens est destiné, ou devra être totalement appliqué à l’accroissement, à l’embellissement et à la perfection des ouvrages publics de la dite ville de Neufchâtel ».
Au moment de rédiger son testament, David de Pury s’est renseigné sur les représentants de la Ville de Neuchâtel, s’assurant que Ville et Bourgeoisie ne forment qu’une seule entité. Au cas où les structures politiques viennent à changer, il précise : « c’est aux représentants de la dite Ville et Bourgeoisie de Neuchâtel en Suisse, quels qu’ils soient, que je commets le bon ménagement et la sage administration de tous mes biens ». Mais la naissance de la municipalité en 1856 va poser de manière aigue le problème de la gestion du fonds de Pury. A qui, de la municipalité ou de la commune bourgeoise, revient la fortune de Pury et son utilisation pour le bien public ? La question ouvre plus de vingt ans de procès et remonte jusqu’au Tribunal fédéral. Il faut attendre la nouvelle loi sur les communes de 1888 et la dissolution de la commune bourgeoise pour voir cet épineux problème financier, politique et juridique définitivement réglé. Entretemps, un grand nombre d’édifices publics (dont l’Hôtel de Ville) ont été construit grâce à ce legs.
Jeanneret, Maurice, « La succession Purry », Musée neuchâtelois, 1956, p. 72-90.
Roulet, Louis-Edouard, « David de Pury, homme politique (1709-1786) », in : Biographies neuchâteloises, tome 1, Hauterive : Ed. Gilles Attinger, 1996,pp. 231-236.
Roulet, Louis-Edouard (dir.), David de Pury, 1709-1786, Hauterive : Ed. Gilles Attinger, 1986.
Inderwildi, Frédéric, « Pury, David de », in : Dictionnaire historique de la Suisse (DHS)