Les paroisses du Landeron et de Cressier sont restées catholiques lors du passage du Pays de Neuchâtel à la Réforme, entre 1530 et 1536. Le culte catholique se prête plus au faste que les cérémonies protestantes. Aussi n’est-il pas étonnant de trouver, au Landeron, une riche collection d’objets liturgiques – calice, ciboire, ostensoir et reliquaire – qui témoignent de la vie artistique et religieuse de la châtellenie. Si certaines pièces proviennent d’orfèvres neuchâtelois, d’autres sont importées des villes suisses environnantes, voir de grands centres européens d’orfèvrerie. L’ostensoir présenté ici a été commandé le 22 mars 1623 par le Conseil de Ville à un artisan fribourgeois. Livré pour la Pentecôte de la même année, cet instrument liturgique servant à présenter l’hostie consacrée à la vénération des fidèles a probablement déjà été utilisé durant la Fête-Dieu, fêtée une dizaine de jours plus tard.
La partie supérieure de l’ostensoir présente une Vierge à l’Enfant entourée de Saint Sébastien à gauche et de Saint Antoine Ermite à droite. Ils sont représentés avec leur attribut traditionnel : les flèches pour Sébastien et le bâton pour Antoine. La partie inférieure présente Saint Maurice et Saint Ours avec au centre la lunette qui permet d’accueillir l’ostie consacrée. Saint Ours et Saint Maurice sont représentés en armures. Sur le pied apparaissent les armes du Landeron et de la famille Gibert ainsi que les noms des familles donatrices (Gilbert Chastelain, Jacques de Cressier, Simon Degiez, Jean Mabillion, Jacques Muriset, Jacques Ziguerly, Nicolas Brochaton, George Grebet, Balthasaer Bourgoin, Balthaesaer Motarde Secretayre). Une croix surmonte l’ostensoir.
La présence de Saint Antoine et de Saint Sébastien fait référence aux deux confréries landeronnaises du même nom. La représentation de Saint Maurice s’explique par la dédicace de l’église paroissiale à ce saint. La figure de Saint Ours, quant-à elle, renvoie à Soleure. Saint Ours est en effet le patron de la ville du bord de l’Aar, avec laquelle le Landeron a signé un traité de combourgeoisie en 1449 et entretient des liens étroits. La protection de Soleure a notamment joué un rôle important dans le maintient de la foi catholique au Landeron. L’ostensoir occupe une place importante dans la liturgie catholique. Aussi, un grand soin a été apporté à sa réalisation et à la richesse du décor. Le programme iconographique reprend les dévotions particulières de la paroisse du Landeron. Aujourd’hui encore, cet objet est utilisé chaque année lors la procession de la Fête-Dieu du Landeron.
Schuster Cordone, Caroline, « Patrimoine artistique du Landeron : peinture, sculpture et orfèvrerie religieuses », in : Le Landeron, histoires d’une ville, Hauterive : G. Attinger, 2001, pp. 161-171.
A la table de Dieu et de leurs excellences. L’orfèvrerie dans le canton de Fribourg entre 1550 et 1850, catalogue d’exposition du Musée d’art et d’histoire de Fribourg, 2009.