En 1618, Abraham de Tribolet, procureur général, conseiller d’Etat et châtelain de Thielle, reçoit du prince de Neuchâtel, en remerciement des services rendus, un terrain à proximité du pont de Thielle. Il y fait bâtir une maison de maître longtemps appelée Château Tribolet. En 1717, la propriété est aux mains du gouverneur de la Principauté, François de Langes, qui lui donne le nom de Montmirail. Le domaine est transformé en 1766 en pensionnat pour jeunes filles géré par des membres de l’Eglise des Frères moraves. Situé aujourd’hui sur la commune de La Tène, Montmirail est depuis 1988 le siège de la communauté réformée Don Camillo.
L’aquatinte de Lory et Hurlimann nous fait pénétrer dans la cour de Montmirail au moment de la récréation des pensionnaires. A l’ombre des grands arbres qui encadrent la scène, les jeunes filles s’adonnent à divers jeux : ronde, raquette, saut à la corde. D’autres lisent ou bavardent. Au centre de la cour, un homme en chapeau accompagné d’une femme, guide un chien qui tire un char rempli d’enfants. Il pourrait s’agir du directeur de l’époque, Henri-Auguste Richard entouré de sa femme et de ses enfants. En arrière plan, le bâtiment du château est fermé par un portail. Sur la droite se trouve la maison qui abrite l’institut.
L’établissement visait à l’éducation des jeunes filles selon les principes professés par l’Eglise morave. Ces demoiselles y apprenaient la lecture et l’écriture, tant en français qu’en allemand, l’arithmétique, la musique vocale et le clavecin. Les travaux féminins (tricot, broderie ou dentelle) font aussi partie du programme. Les frais de pension étant élevés, seules les familles neuchâteloises aisées envoyaient leurs filles à Montmirail qui connaît un renom important au 19e siècle.
Dürr, Félix ; Evard, Maurice ; Hippenmeyer, Florence ; Piguet, Claire ; Cotelli, Jean-Baptiste ; « Montmirail, évolution d’un site », Nouvelle Revue Neuchâteloise, 2002.
Bovet, André, « Montmirail en 1832 », Musée neuchâtelois, 1931, pp. 197-199.
Châtelain, Charles, « Montmirail et la Vénérable Classe », Musée neuchâtelois, 1892, pp. 79-84.