Spectaculaire et esthétique, le plongeon sportif, discipline olympique dès 1904, était en vogue au début du 20e siècle. Les bassins du Doubs attirèrent des plongeurs intrépides, comme le Chaux-de-fonnier Roger Froidevaux, qui établit un premier record en 1934.
Horloger de formation et sportif accompli, le Loclois Armand Girard s’imposa l’année suivante comme tenant du titre grâce à un plongeon d’une hauteur de 35 m. Le 19 juillet 1936, il établit un nouveau record en s’élançant d’un tremplin de 40 mètres dont les vestiges sont encore visibles à la Roche du pêcheur.
Armand Girard (1911 – 1994) aurait financé lui-même cette production réalisée par Cinégram, société genevoise spécialisée dans le film de commande.
L’intervention initiale du sportif, face caméra, reflète son désir de se mettre en scène. Si le plongeon final constitue le point culminant d’un film tout à la gloire de l’endurance et de la performance physique, les images de l’exploit n’en représentent pas l’unique intérêt. En effet, « Plongeons » fait en même temps l’éloge des charmes naturels du Locle et de ses environs, qui offrent été comme hiver un cadre idéal à l’entraînement du plongeur et à son enseignement sportif. En cela, le début du film relève largement de la promotion touristique.
Les exploits de Roger Froidevaux et d’Armand Girard, réalisés dans un décor très cinégénique, semblent avoir toujours intéressé le cinéma. Le saut réalisé par Girard en 1935 a lui aussi fait l’objet d’un filmage (dont seule une copie vidéo est conservée, au DAV) de même que « Les prouesses du plongeur Froidevaux » (film repéré dans la presse locale en 1934 mais non-retrouvé).
Le 19 juillet 1936, plus de septante barques circulent sur le Doubs, transportant spectateurs, policiers et opérateurs de cinéma. Aux côtés d’autres plongeurs, Girard, dit «Padjo», réalise des sauts depuis douze mètres, puis vingt. Enfin, vient le moment du saut de quarante mètres: «Girard, sûr de lui, doit cependant se plier aux exigences extérieures, ce sont d’abord les cinéastes qu’un nuage empêche d’opérer (…) (L’Impartial, 20 juillet 1936). Il se trouve en effet que «les opérateurs de cinéma ont mis comme condition qu’il sauterait par plein soleil» (L’Impartial, 10 août 1936).
L’exploit a également donné lieu à un sujet du Journal Gaumont du 31 juillet 1936, «Plongeons. Un saut de 40 m près de Neufchatel» [sic], d’une durée de trente-trois secondes.
Joseph, Aude, Neuchâtel, un canton en images : Filmographie tome 1 (1900 – 1950), Hauterive, Gilles Attinger, 2008, pp. 146, 149-150 et 153-154.
Bibliothèque de la Ville de la Chaux-de-Fonds, Filmographie neuchâteloise en ligne Neuchâtel, un canton en images 1910-1950, [recherches et réd. du livret: Aude Joseph, avec la collab. de Roland Cosandey … et al.] ; [réal., authoring Vincent de Claparède] ; [dir. générale et éd. Jacques Mühlethaler], Collection Le cinéma des régions vol. 2, Lausanne, Cinémathèque suisse, 2009 (DVD).
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