Originaire de La Chaux-de-Fonds où il nait en 1721, Pierre Jaquet-Droz renonce à une carrière religieuse pour se tourner vers l’horlogerie. Il se passionne pour la pendulerie et pour les automates. En 1753, il se rend à Paris pour se perfectionner et exporter ses créations. C’est sans doute lors de ce voyage que Pierre Jaquet-Droz fait la connaissance d’Antoine Foulet (ca 1710-1775). Cet ébéniste spécialisé dans les boites de pendules et les gaines de régulateur est alors reconnu pour la qualité et l’originalité de ses bronzes. Leur collaboration donne notamment naissance à cette luxueuse pendule à complications.
De style rocaille, les bronzes dorés du cabinet sont d’une grande richesse décorative. Au milieu des volutes et des feuillages disposés asymétriquement, l’ébéniste a placé une scène de la fable de Jean de La Fontaine, Le renard et la cigogne. Derrière ce décor, la caisse en laiton est rehaussée d’incrustations d’écailles, de corne teintée et de nacre dessinant des guirlandes de fleurs. La pendule est animée d’un carillon de neuf cloches permettant d’entendre huit airs différents, ainsi que d’une serinette à douze flûtes jouant six mélodies. La plaque circulaire du cadran n’est pas d’origine. Elle a été ajoutée lors d’une restauration en 1952.
En 1758, Pierre Jaquet-Droz se rend à la cour d’Espagne où il présente six pendules de sa production qui démontrent son savoir-faire et sa virtuosité. Parmi ces pièces se trouve une horloge à carillon et à serinette, semblable à celle présentée ici. L’admiration qu’elle provoque chez le roi d’Espagne et le retentissement qui s’ensuivit établit définitivement sa réputation. Ce succès suscite probablement plusieurs commandes et explique la création de pièces similaires. Trois pendules semblables sont aujourd’hui répertoriées. Toutes possèdent un petit oiseau mécanique perché dans la cage rocaille au sommet du cabinet. L’exemplaire de La Chaux-de-Fonds a perdu le sien, de même que le socle sur lequel devait reposer la pendule. A partir de 1767, Pierre Jacquet-Droz ne se contente plus d’intégrer des automates à ses pendules. Il construit entre 1767 et 1774 les trois androïdes qui font sa consécration.
Tissot, André, Voyage de Pierre Jaquet-Droz à la Cour d’Espagne 1758-1759, Neuchâtel : A la Baconnière, 1982.
Cardinal, Catherine, Piguet, Jean-Michel, Catalogue d’œuvres choisies, La Chaux-de-Fonds : Institut l’homme et le temps, 1999, pp. 92-93.
Curtit, Daniel, « Restauration d’une pendule à musique de Pierre Jacquet-Droz à La Chaux-de-Fonds », Chronométrophilia, no 49, 2000, pp. 17-24.