Le terme médaille désigne un objet métallique circulaire en bas-relief, apparu au 14e siècle en Italie. Bien qu’analogue en apparence à la monnaie, elle ne sert en aucun cas de moyen de paiement. En effet, une médaille est un objet de « plaisir » qui, grâce à son matériau durable, témoigne aujourd’hui de son époque. Ainsi, au 18e siècle, elle a souvent été utilisée comme objet de commémoration.
L’échange de serments est un événement qui se produit « à chaque changement de règne » (Huguenin, 1989, p. 21). Les cérémonies de 1786 règlent la passation de pouvoir du défunt Frédéric II, souverain de Neuchâtel et Roi de Prusse, à son neveu Frédéric-Guillaume II : le nouveau souverain, représenté par son gouverneur, promet aux Quatre-Bourgeoisies que sont Neuchâtel, Valangin, le Landeron et Boudry de maintenir les anciennes franchises, en échange de la fidélité et de l’obéissance des sujets. À cette occasion, sept planches exécutées par l’artiste Abraham Girardet racontent l’évènement. Celles-ci inspirent Jean-Jacques Perret-Gentil qui en tire ce thème de médaille ; les Serments réciproques attestent probablement de la cérémonie du 7 novembre 1786 à Valangin.
À son avers, l’aigle de Prusse figure au centre de l’œuvre de Jean-Jacques Perret-Gentil. L’oiseau couronné, aux ailes déployées, porte un sceptre et un orbe comme symboles de souveraineté. Alors que ses ailes abritent les drapeaux des Quatre-Bourgeoisies, ses pattes reposent sur un socle sur lequel figure l’inscription : « TOUS DÉVOUÉS au SOUVERAIN comme à LA PATRIE ». En outre, le nouveau Roi de Prusse assure la protection de ses sujets : « EN TOUTE SÉCURITÉ À L’OMBRE DE SES AILES ».
Le revers représente la cérémonie proprement dite : un carré est « formé par les milices et les corps constitués de l’état » (Michaud, 1903, p. 101). Des drapeaux sont brandis pendant que les représentants des bourgeoisies prêtent serment de bon augure en levant leur main droite au ciel et en abaissant leur chapeau de l’autre. Au milieu, les symboles de justice et de victoire, figurés par l’épée et la couronne de lauriers, reposent sur une estrade, avec un livre ouvert sur les neuf articles. Sur ce même livre est pointée l’extrémité d’un sceptre tenu par une main sortant de la nuée. Cette main n’est autre que celle de Dieu le Père, comme le confirme la présence de l’œil de la Providence.
Cinq médailles, comprenant différents thèmes et signées J-J.P-G, ont été recensées par Michaud Albert, « Les médailles de Jean-Jacques Perret-Gentil », et par Huguenin Paul, Musy-Ramseyer Sylviane, Rougemont Denise de, « Médaille, mémoire de métal ».
En mêlant la représentation fictive d’un évènement avec des allégories, Jean-Jacques Perret-Gentil relève et magnifie de nombreux détails sur cette petite surface de travail. Cette médaille témoigne autant d’un évènement historique que de l’habileté d’un artisan raffiné.
Allanfranchini, Patrice, Neuchâtel 1642-1942, Trois siècles d’iconographie, Chézard-Saint-Martin : Éd. de la Chatière, 2005.
Pury, David de, Relation succinte de ce qui s’est passé dans la principauté de Neuchâtel & Valangin lors de la prestation réciproque des sermens entre Sa Majesté le roi de Prusse et ses sujets de cette souveraineté, avec les actes qui en font partie, Neuchâtel : De l’imprimerie de la Société typographique, 1789.
Gatti, Frederica, La médaille d’art aux XXe et XXIe siècle, techniques, histoire, définitions et spécificités dans l’Arc jurassien, Neuchâtel, Faculté des lettres et sciences humaines de l’Université de Neuchâtel, mémoire de licence non publié, 2008.
Henry, Philippe (et al.), Histoire du Pays de Neuchâtel, Hauterive : Éd. Gilles Attinger, t. 2, 1991.
Huguenin Paul, Musy-Ramseyer Sylviane, Rougemont Denise de, « Médaille, mémoire de métal », in Nouvelle revue neuchâteloise, n°22, 1989.
Martin, Jean L., Médailles suisses = Medaillen der Schweiz = Medaglie svizzere, 5 vol., Lausanne : Jean L. Martin, 1979-2000.
Michaud, Albert, « Les médailles de Jean-Jacques Perret-Gentil », in Musée Neuchâtelois, 1903, p. 97-107.