Né en 1813 dans la région de Bade, Georges-Frédéric Roskopf fait un apprentissage d’horloger à La Chaux-de-Fonds. Grâce à la dot de sa femme, Françoise Robert Theurer, épousée en 1835, il peut fonder un comptoir d’établissage qui exporte des montres en Allemagne, en Belgique et en Amérique du Nord. Dès 1860, il se penche sur la fabrication d’une montre qui, selon ses termes, « aura une roue en moins et qui marchera cependant aussi bien que les autres ». Elle doit coûter trois ou quatre fois moins cher, afin d’être à la portée de toutes les bourses. Destinée à la classe ouvrière, cette montre est mise au point en 1867 après de nombreux essais et offerte à la vente au prix de 25 francs.
La montre est protégée par un boîtier massif et solide en maillechort blanc, un alliage de cuivre, de zinc et de nickel qui associe robustesse et éclat. Les aiguilles sont en laiton et celle des minutes est munie d’un contrepoids facilitant la mise à l’heure qui se fait directement par les aiguilles. Les heures sont inscrites en chiffres romains de grandes dimensions sur un cadran en émail blanc. Le mouvement en laiton intègre plusieurs caractéristiques novatrices parmi lesquelles un échappement à chevilles, la suppression de la roue du centre au profit d’un barillet de grand diamètre, ainsi qu’un barillet à ressort libre permettant de remonter la montre sans risque de casse.
La montre Roskopf, dite « du prolétaire » selon les termes mêmes de son créateur, répond d’abord à des principes sociaux. En supprimant tout luxe dans l’exécution, elle met à la portée de la classe ouvrière une montre exacte à un prix abordable. Sur le plan de la fabrication, une rémunération convenable de la main-d’œuvre permet d’être exigeant sur la qualité du travail fourni. La simplification des éléments techniques, parfois au moyen de principes récents, a permis de créer une montre novatrice qui obtient rapidement un certain succès. Elle est d’ailleurs primée lors de l’Exposition universelle de Paris en 1867. Mais elle rencontre en revanche une certaine hostilité de la part des patrons et horlogers des Montagnes neuchâteloises qui craignent de voir des montres peu sophistiquées et bon marché supplanter l’art des traditions horlogères.
Cardinal, Catherine et Piguet, Jean-Michel, Catalogue d’œuvres choisies, La Chaux-de-Fonds : Institut l’homme et le temps, 1999, pp. 214-215.
Buffat, Eugène, Historique et technique de la montre Roskopf, Genève : Administration du Journal suisse d’horlogerie, 1914.
Dossier documentaire, Musée international d’horlogerie de La Chaux-de-Fonds.
Fallet, Estelle, « Roskopf, Georges-Frédéric », in : Dictionnaire historique de la Suisse (DHS).