Dès le milieu du 18e siècle, les autorités de la ville de Neuchâtel prennent conscience de l’insalubrité urbaine et s’efforcent de résoudre les problèmes d’hygiène. Certains quartiers sont ainsi remodelés pour en faciliter l’aération. La création progressive d’un réseau d’égouts souterrains pour drainer les eaux usées de la ville répond aux mêmes exigences. Le détournement du Seyon en 1843 fait partie de cette nouvelle politique sanitaire. Une canalisation de grande taille peut désormais être construite à l’emplacement de la rivière qui servait auparavant d’égout naturel et dans laquelle se déversaient directement les déjections de toutes sortes.
L’artiste, qui s’est posté sur le pont des Boutiques, présente le lit du Seyon asséché après son détournement. L’ancienne rivière est bordée de part et d’autre par les façades des maisons qui possèdent encore les encorbellements abritant les cabinets d’aisance. Au centre, le collecteur d’égout est en construction. Il sera recouvert plus tard par la rue du Seyon. Au fond, le pont des Petites Boucheries qui relie la rue des Moulins au quartier des Chavannes enjambe encore l’ancienne rivière. Il est détruit peu de temps après, en 1845.
La promulgation d’un règlement en 1858 sur l’évacuation des eaux usées, assorti de dispositions pénales visant les réfractaires, permet la généralisation du tout à l’égout : les habitations se raccordent au réseau de canalisations publiques, faisant disparaître les puits perdus. Mais ce processus est ralenti par son coût financier et il faut attendre 1868 pour que toutes les rues du centre de Neuchâtel soient équipées de canalisations. Les menaces épidémiques vont pousser la Ville à moderniser son infrastructure et à améliorer son système d’alimentation en eau nécessaire au bon fonctionnement des égouts.
Feuz, Laurent, « Les progrès de l’évacuation des eaux usées à Neuchâtel », Revue historique neuchâteloise, 2001, no 4, pp. 207-231.
Feuz, Laurent, Un aspect de l’idéologie hygiéniste en ville de Neuchâtel : l’évacuation des eaux usées : 1834-1885, travail de mémoire, Neuchâtel : Université de Neuchâtel Faculté des lettres, 1999.
Allanfranchini, Patrice, Neuchâtel 1642-1942, Trois siècle d’iconographie, Chézard-Saint-Martin : Ed. de la Chatière, 2005, p. 222 (notice 496).
Notice « Le Seyon, un égout à ciel ouvert ».