Après la rapide victoire sur les insurgés de 1856, les autorités républicaines tenaient à remercier toutes les personnes qui avaient pris les armes pour combattre les troupes royalistes. En particulier les deux principaux officiers qui ont commandé la reprise militaire du château : le colonel fédéral Denzler en tant que commandant en chef des troupes républicaines (et dont le sabre se trouve actuellement au musée national à Zurich) et le major fédéral Ami Girard qui avait pris la tête de la troupe des Montagnes avant de diriger la prise d’assaut du château au matin du 4 septembre, mettant fin ainsi à la tentative contre-révolutionnaire de 1856. L’échec de cette insurrection conduit au traité de Paris en avril 1857 par lequel le roi de Prusse renonce à ses droits sur Neuchâtel.
Il s’agit d’un sabre d’honneur richement décoré d’après un dessin de A. Yvon. Le sabre est réalisé dans les ateliers E. Léon et la poignée est l’œuvre de T. Henry-Hayet. Tous trois sont installés à Paris.
La poignée en bronze doré au feu comporte des motifs fortement liés à la Suisse : une représentation du sacrifice de Winkelried sur la garde, une dame Helvetia debout sur une colonne et adossée à la poignée, et les blasons cantonaux et fédéral. La garde est ornée du drapeau neuchâtelois et la lame porte les inscriptions : « La République au commandant Girard 3 et 4 septembre 1856 » et « Décret du grand-conseil du canton de Neuchâtel du 30 septembre 1856 ».
Ce sabre est celui que porte d’Ami Girard sur le portrait réalisé par Jules-Émile Blancpain en 1900.
C’est immédiatement après les événements, et sans attendre le règlement du différend qui oppose Neuchâtel au roi de Prusse, que le Conseil d’État décide de remercier l’ensemble des personnes qui ont défendu la constitution républicaine du canton, que ce soit par plus de 4’000 diplômes ou par les deux sabres d’honneur.
Ces sabres portent tous deux une symbolique helvétique. Ceci ne provient pas uniquement du fait que le canton de Neuchâtel fasse partie intégrante de la Confédération. Le choix des motifs d’ornement sont là pour souligner combien la Suisse a pesé dans l’émancipation des Neuchâtelois vis-à-vis de leur prince. En effet, la signature du traité de Paris n’aurait pu être possible sans la détermination des autorités fédérales face aux velléités du roi Prusse.
De plus, les républicains neuchâtelois avaient, depuis 1815 en tout cas, adopté les symboles helvétiques en lieu et place des emblèmes de la Révolution française. Ainsi, les nombreux bonnets phrygiens arborés lors de l’érection d’un arbre de la liberté sur la place de la Carmagnole à La Chaux-de-Fonds en 1792 ont fait place à la croix fédérale comme étendard.
« Les événements de septembre 1856 », Musée neuchâtelois, 1956, p. 101-280.
Courvoisier, Jean, « Sabres d’honneurs et diplômes offerts aux républicains de 1856 », Musée neuchâtelois, 1977, p. 135-140.