En dépit de l’essor économique et du développement des réseaux routier et ferré, les Montagnes neuchâteloises restent en marge du canton et surtout des principales zones urbanisées du pays. Il est naturel que certains Montagnons aient vu dans l’aviation un moyen de vaincre les contraintes géographiques.
C’est en 1912, 1913 et 1919 qu’ont lieu à La Chaux-de-Fonds, aux Eplatures principalement, les premiers meetings d’aviation. L’idée d’organiser des vols à des fins commerciales et sportives fait son chemin.
La Société d’aviation des Montagnes neuchâteloises prend le nom de Navigation horlogère aérienne (NHORA) en 1925. A partir de cette année, elle organise des vols occasionnels pour Bâle et Lausanne au départ des Eplatures ; d’autres destinations suivront. Les vols commerciaux et les infrastructures bénéficient d’une aide financière de l’Etat ainsi que des communes de La Chaux-de-Fonds et du Locle, associées dans la gestion de l’aérodrome. Les avions, de petite taille, n’emportent que quelques passagers, en plus du courrier et du fret.
En 1928, on nivelle partiellement le terrain et on construit une aérogare. La piste gazonnée sera goudronnée et le site accédera officiellement au rang d’aéroport en 1956.
Sous la forme d’un panorama, le prospectus présente tout à la fois la ligne aérienne Bâle-Genève, une vue de l’avion utilisé ainsi que le logo de NHORA, la société opératrice.
Le monomoteur survole les crêtes du Jura ainsi que le Moyen Pays, où sont dessinés les principaux lacs et rivières. Comme suspendue entre ciel et terre, la chaîne des Alpes barre l’horizon. Un trait clair indique l’itinéraire des avions, qui relient Bâle à Genève avec escale aux Eplatures et à Lausanne. Des correspondances sont proposées aux deux extrémités de la ligne.
Les Alpes sont traitées de manière schématique, l’accent étant mis sur les hauts sommets bernois. Quant au Jura, il doit se contenter de quelques vagues ondulations tirées au cordeau.
Bien que la facture artistique et la fidélité de la représentation laissent à désirer, le tableau est accrocheur. Son style ne diffère guère de celui des affiches publicitaires de la première moitié du 20e siècle qui vantent les mérites des stations touristiques.
Pourtant, la contemplation du paysage n’était sûrement pas la principale motivation des passagers potentiels des Montagnes neuchâteloises, qui se recrutaient surtout parmi les patrons horlogers, les riches commerçants et les cadres supérieurs. Par ailleurs, les vols avec escale aux Eplatures étaient peu nombreux : d’une part, ils restaient l’apanage de la classe aisée en raison de leur coût élevé ; d’autre part la conjoncture économique morose des années 1930 poussait les hommes d’affaires à réduire leurs dépenses, donc à limiter leurs voyages.
1944 – La Chaux-de-Fonds – Documents nouveaux publiés à l’occasion du 150e anniversaire de l’incendie du 5 mai 1794 (…), La Chaux-de-Fonds : Ed. A.D.C., 1944, pp. 189-194.