L’accroissement démographique de la ville de Neuchâtel au début du 19e siècle accentue le problème de l’approvisionnement en eau potable. Les sources existantes (Chanet, Tertre, Bercles et Ecluse), ainsi que les quelques puits de la ville ne suffisent plus à répondre aux besoins de la population en forte augmentation. Une commission d’experts retient en 1862 un projet de captage des eaux du Seyon à Valangin. Les travaux, octroyés à la Société des eaux constituée pour l’occasion, débutent en 1864 et prennent fin deux ans plus tard. Un aqueduc de trois kilomètres amène l’eau dans les réservoirs de Maujobia, d’où elle est redistribuée dans toute la ville. Dès 1867, les habitants peuvent profiter de l’eau filtrée jusqu’aux étages, grâce à la pression naturelle.
La première vignette présente l’ensemble des installations construites à Maujobia. A gauche, le bâtiment des filtres, reconnaissable à ses contreforts, abrite un système moderne considéré à l’époque comme autonettoyant. A droite, la tour du garde dont l’architecture pittoresque sert d’enseigne à l’ensemble du site. Au-dessous se trouvent les deux grands réservoirs, creusés dans la roche et pouvant contenir chacun 2,3 millions de litres d’eau. Une petite porte en contrebas des réservoirs permet d’y accéder. La seconde vignette montre la façade et le jardin de l’Hôtel DuPeyrou, avec au premier plan le bassin et son jet d’eau. Au mois de mai 1868, la Société des Eaux fait en effet la démonstration de la puissance du réseau de canalisation en propulsant un jet d’eau à près de 90 pieds (26 mètres) de haut.
La Société des eaux doit répondre à une forte demande et le nombre de concessions augmente rapidement, obligeant à étendre à plusieurs reprises le réseau de canalisations et de distribution. Mais si l’eau coule en abondance, sa qualité pose encore problème et des sources alternatives sont envisagées. Deux épidémies de fièvre typhoïde (en 1882 et 1883) hâtent la réalisation d’un projet pour capter l’eau des sources de l’Areuse. Les travaux sont réalisés entre 1886 et 1888 et fournissent une eau potable abondante et de qualité. En 1888, les concessions sont rachetées par la Ville de Neuchâtel qui gère désormais la distribution de l’eau.
Piguet, Claire, INSA, Inventaire Suisse d’Architecture 1850-1920, Neuchâtel, Zurich: Orell-Füssli, pp. 181-182.
« Les eaux de Neuchâtel », Le véritable Messager boiteux de Neuchâtel, 1868, pp. 54-67.