En 1351, Jean II d’Aarberg, seigneur de Valangin, érige Le Locle en paroisse ; une chapelle est alors construite et dédiée à Sainte-Madeleine. A en croire Boyve, une adjonction est faite au bâtiment en 1405. La nef est reconstruite en 1506, sous la direction de Claude Paton, de Flangebouche. Sous l’impulsion du curé Besancenet – qui sera le dernier curé du Locle avant la Réforme – on envisage l’édification de la tour. Marché est fait avec Claude Paton en 1520. L’année suivante, les travaux commencent ; ils se terminent en 1525, sous la surveillance de Pierre Dard, du Bizot, et d’Othenin Ballanche, de Morteau, Paton étant décédé. A l’intérieur du Temple, des galeries sont édifiées en 1643, puis démolies en 1700 parce qu’elles gênent certains fidèles. En 1711, la charpente de la tour se révèle partiellement pourrie. Elle est rénovée suivant le projet du menuisier Jacob Robert, avec quatre lucarnes pour les cadrans d’horloges et les cinq pommeaux que l’on voit encore aujourd’hui.
Cette lithographie représente la rue du Temple, ouvrant sur le temple et sa tour. Tel qu’il est représenté en 1840, le bâtiment diffère légèrement de son état actuel. Ainsi la porte est protégée par un grand avant-toit couvert de tuiles. Au sud de la tour, on remarque une annexe, construite vers 1715 et vraisemblablement exhaussée en 1789 : elle abrite alors les archives. Toutes ces adjonctions sont démolies avant 1905. On soulignera l’harmonie de la rue, avec ses maisons régulières, conformes au plan d’alignement de 1833 et la convivialité d’une vie villageoise, où les lessives envahissent les rues.
Au cours du 18e siècle, en raison de l’accroissement démographique que connaît Le Locle, le temple se révèle trop exigu. Un agrandissement est envisagé, au grand déplaisir des communiers externes, qui rechignent à la dépense. Le Conseil d’Etat tranche en faveur des travaux ; de toute manière certaines voûtes et la charpente doivent être réparées. Si bien que, en 1758, on détruit le temple jusqu’à ses fondations… pour le reconstruire immédiatement, plus vaste. Confiés à l’architecte Daniel-Henri Vaucher, les travaux vont si bon train que le nouvel édifice peut être dédicacé le 10 décembre 1758.
Une importante restauration est menée en 1899 par Léo Châtelain : le sol est exhaussé de 15 cm, chaire, bancs et galerie sont déplacés. Les fenêtres sont agrandies et deux baies aménagées à l’ouest. Des fouilles sont menées à cette occasion. Une restauration intérieure intervient encore en 1934.
Courvoisier, Jean, Les monuments d’art et d’histoire du canton de Neuchâtel, tome 3, Les districts du Val-de-Travers, du Val-de-Ruz, du Locle et de La Chaux-de-Fonds, Bâle : Birkhäuser, 1968, p.278-285.
Jung,Fritz, Notre Moutier : 1351-1758, [Le Locle], Ed. des Annales locloises, 1958.