Le brévard est un garde-vigne qui est établi par un Conseil et auquel l’officier du seigneur fait prêter le serment de veiller sur les biens dont la surveillance lui est confiée. A Neuchâtel, les deux officiers brévards étaient des membres des Conseils de Ville. Quant aux autres, simples brévards, ils étaient désignés parmi les habitants du lieu. Traditionnellement, ils entraient en fonction durant le mois d’août et leur office se terminait après les vendanges.
En ville de Neuchâtel, c’est durant le mois d’août que les capitaines des brévards, membres des Conseils de ville, présentaient à Messieurs les Quatre Ministraux les douze brévards qu’ils avaient choisis. Si ces derniers étaient agréés, ils devaient prononcer le serment ordinaire lié à cette charge.
Leur entrée en fonction coïncidait avec la mise du ban qui s’effectuait fin août ou début septembre. Ceux-ci étaient surveillés par les deux membres des Conseils, qui occupaient le rang d’officiers-brévards.
Telles des hallebardes mais sans être des armes, ces cannes sont avant tout des insignes de dignité servant à reconnaître les personnes investies de ces charges.
Le droit de brévardage ou de garde des vignes appartenait au seigneur et il s’en relâchait en faveur de particuliers moyennant une redevance en argent. La charte de 1214 de la ville de Neuchâtel dit : « Nous poserons des gardes-vignes selon l’avis des bourgeois ».
De 1397 à l398, le comte donne à sept brévards qui gardaient les vignes, à chacun 7 sols bâlois. Samuel de Chambrier dans sa Mairie de Neuchâtel (1840) dit: « aujourd’hui, les brévards nommés par le petit conseil (Conseil Etroit), que préside le maire de la Ville représentant le seigneur, sont payés par les propriétaires sur le pied de demi-batz par ouvrier de vigne ». Les archives de la ville de Neuchâtel possèdent la liste des noms de brévards des vignes dès le 15e siècle.
Avec le mois d’août le vigneron laissait sa vigne au repos. Ceux qui cultivaient à la tâche ou étaient des moitressiers devaient même rendre les clés des parchets à leurs propriétaires. La saison des travaux de la vigne était donc close et seul Dieu, le soleil et le brouillard s’activaient pour que les raisins atteignent leur pleine maturité. A l’exception des propriétaires ou d’ayant droits munis d’autorisations écrites, personne n’entrait dans les vignes dont les brévards assuraient la surveillance.
Ceux-ci devaient gager les vignerons qui, après la culture des vignes achevée, entraient malgré tout dans les parchets, nonobstant qu’ils en eussent les clés, à moins qu’ils n’aient un billet du Maître ou qu’ils soient accompagnés de son domestique. En 1799, à Hauterive, pour leur peine, les brévards recevaient un demi-batz par ouvrier de vigne qu’ils surveillaient et 2 pots de vins, une miche de pain et une livre de fromage.
Allanfranchini, Patrice, Histoire de la vigne dans le Pays de Neuchâtel, Neuchâtel : Editions H. Messeiller S.A., 2000.