Au Locle comme partout ailleurs, la pauvreté n’épargne ni les jeunes ni les enfants. Dès 1815, Marie-Anne Calame (1775-1834) s’associe à une dizaine de ses amies pour trouver une solution à ce problème. Ensemble, elles collectent des fonds, qui leur permettent de placer des jeunes filles pauvres dans de bonnes familles du Locle, afin qu’elles y apprennent un métier. Marie-Anne Calame juge bientôt plus efficace de réunir ces jeunes filles dans un même immeuble. En 1816, elle loue dans ce but la moitié d’une maison dans le quartier des Billodes. Les jeunes filles reçoivent des cours d’écriture, lecture, histoire naturelle et dessin. Elles travaillent également à la dentelle, dont la vente contribue à financer l’institution. Les dons fournissent cependant l’essentiel de ses moyens d’existence. Sa vie durant, Marie-Anne Calame devra faire des miracles pour financer son œuvre. Les années passant, Marie-Anne Calame parvient, à force de ténacité, à agrandir son établissement.
Ce dessin de Hermann Theodor Früauf montre l’ensemble des différents bâtiments qui abritent, au cours du temps, l’institution. Le deuxième depuis la droite, couvert d’un large toit à deux pans, constitue l’immeuble loué en 1816.
En 1820, Marie-Anne Calame acquiert un deuxième immeuble, afin de loger également des garçons (celui qui apparaît tout à droite sur le dessin). Il sera revendu en 1845. En 1821, la bienfaitrice achète la totalité de la première maison. En 1826, elle fait construire le bâtiment principal (le troisième depuis la droite). Plus tard, il sera augmenté d’une aile à l’est (1835), puis à l’ouest (1840). En 1830, elle achète encore une troisième maison (la deuxième depuis la gauche).
En 1842, la vieille maison est démolie et remplacée par un jardin potager. Un grave incendie détruit en 1901 la partie supérieure du bâtiment principal ; les 80 pensionnaires et le personnel en échappent indemnes. En 1901-1902, une nouvelle construction est édifiée selon les plans de Jean Crivelli.
Avec le temps, tout change, aussi bien les systèmes éducatifs que les principes caritatifs. Pour continuer sa mission au travers des générations, l’établissement des Billodes connaîtra de nombreuses modifications. En 1971, les bâtiments construits par Marie-Anne Calame sont abandonnés. Son œuvre demeure pourtant puisque le « Centre pédagogique des Billodes » s’installe sur les Monts.
Calame, Caroline, Le Locle et ses environs en 1830 : dessins d’un apprenti horloger, Hermann Früauf, Neuchâtel : Nouvelle revue neuchâteloise, 2012, p. 35.
Evard, Marguerite, Marie-Anne Calame : fondatrice de l’Asile des Billodes, Le Locle : Oderbolz, 1934, pp.56-97.
Faessler, François, 1815-1965 : cent cinquante ans de vie aux Billodes, [Le Locle] : [Les Billodes], [1965].