Au printemps 1778, la santé tant de Jean-Jacques Rousseau que de Thérèse est telle qu’à la suggestion du docteur Achille Le Bègue de Presles (1735-1807), il accepte l’invitation du marquis René de Girardin (1735-1808) de s’installer à Ermenonville, à une quarantaine de kilomètres de Paris. Il s’y rend le 20 mai et se trouve ravi de son séjour mais le 2 juillet, revenu de sa promenade matinale dans le parc, il est pris d’un malaise, tombe brutalement et décède vers dix heures.
Au premier plan, Rousseau est représenté en pied habillé à la française, visage tourné à gauche, un bouquet de fleurs – des pervenches – à la main droite, canne dans la main gauche, son tricorne sous le bras. « Au fond à gauche, on aperçoit sa maison entourée de palissades et de peupliers, à droite l’ancien pont d’Ermenonville avec sa lanterne et en dernier plan tout à fait [à droite] le temple de la Philosophie entouré d’arbres. » (Girardin, p.20, notice n°20).
Encore généralement considéré comme le dernier portrait exécuté du vivant du philosophe, l’œuvre est en réalité posthume. Contrairement à ce que perpétue la tradition, la gravure a été réalisée à l’instigation du marquis de Girardin d’après une esquisse fidèle, bien que « dessinée d’idée et de ressouvenir » (Girardin, p.20, notice n°20) après la mort de Rousseau.
Par ailleurs, le sujet est souvent repris en contretype. Or, affecté de problèmes à la colonne vertébrale se répercutant sur la hanche droite, Rousseau avait trouvé une parade avec une canne-béquille utilisée du côté opposé à l’articulation douloureuse, c’est-à-dire à gauche. Au demeurant, il allait de soi qu’il tînt ses fleurs à la main droite.
Baldi, Rossella. 2012. « Laissons tous ces étranges portraits, et revenons à l’original. » Sentimentaliser l’iconographie de Rousseau. RHN N°3-4 (Rousseau, un sujet neuchâtelois) : 241- 271 (spécialement fig. 11, pp. 254-260)
—— 2013. « Entre physionomie et profil : modeler les traits de Rousseau », in : Reiling Jesko et Tröhler, Daniel, éd. Entre hétérogénéité et imagination. Pratiques de la réception de Jean-Jacques Rousseau. Genève : Slatkine : pp. 203-217 (Travaux sur la Suisse des Lumières).
Girardin, F[ernand] de, comte. 1908. Iconographie de Jean-Jacques Rousseau : portraits, scènes, habitations, souvenirs. Paris : Librairie centrale d’art et d’architecture : 20.
Termolle, Michel et Trimpont, Frank Van. 2003. Jean-Jacques le tripède. BAJJR N° 61 : 3-24.