Dès 1530, tout le comté de Neuchâtel passe progressivement à la Réforme grâce à l’action de Guillaume Farel. Seule la châtellenie du Landeron reste fidèle à la foi catholique. Dès 1576, les souverains choisissent un gouverneur catholique pour diriger leur comté. En contrepartie de cette nomination, de solides garanties religieuses sont accordées aux réformés. Ainsi, les gouverneurs, originaires des cantons combourgeois comme Fribourg ou Soleure, ne peuvent pratiquer leur religion et suivre les offices qu’à Cressier et au Landeron.
Le calice est posé sur un pied polylobé mouluré. Les six lobes sont agrémentés de cartouches ovales. L’un représente un Christ sur une croix entouré de rayons et de nuées. Quatre cartouches sont ornés de chérubins. Le dernier cartouche, surélevé, porte les armoiries de la famille d’Estavayer. La tige est décorée d’acanthe et de feuille d’eau. Le nœud présente trois angelots à têtes moulées.
La famille d’Estavayer, originaire du village éponyme, est agrégée à la bourgeoisie soleuroise au début du XVIIe siècle. Sous le règne des Orléans-Longueville, ses membres sont appelés à des postes importants en pays neuchâtelois. Jacques (1601-1664), né à Soleure, mène de front une carrière militaire et politique. Il est membre du Grand et du Petit Conseil soleurois tout en prenant part parallèlement à de nombreuses campagnes militaires sous Louis XIII. Dans le comté de Neuchâtel, il est châtelain du Landeron dès 1628, puis conseiller d’Etat, capitaine et lieutenant général du comté de Valangin. En 1645, il accède au poste de gouverneur de la principauté de Neuchâtel qu’il occupe jusqu’à sa mort, le 24 avril 1664, à Cressier. C’est probablement lui qui a fait réaliser ce calice pour la célébration de la messe à Cressier.
Junier Clerc, Caroline, Krenz, Vincent, Orfèvrerie neuchâteloise du XVIIe au XXe siècle, Neuchâtel : Musée d’art et d’histoire, 1993, p. 141-142.
Klauser, Eric-André, « Estavayer, Jacques d’ (Molondin) », in : Dictionnaire historique de la Suisse (DHS).