Au milieu du 19e siècle, le réseau hospitalier présente encore une grave lacune : les malades incurables sont refusés dans la plupart des hôpitaux du canton et encombrent les quelques établissements qui les hébergent. C’est pour cette raison que le Dr Auguste Châtelain, médecin à Préfargier, invite les autorités neuchâteloises à créer un hospice cantonal d’incurables. Faute de moyen, le projet ne se réalise pas immédiatement. Ce n’est qu’en 1891 que le Grand Conseil décide de la création d’un hospice cantonal d’incurables et lui alloue une subvention de 200’000 francs. Le choix de l’emplacement se porte sur Perreux, près de Boudry, et l’hospice est inauguré le 18 septembre 1897.
Assis devant les marches d’escalier conduisant à l’un des pavillons de l’hospice, des pensionnaires s’emploient à la fabrication de paniers en osier. La vannerie constitue l’une des nombreuses activités proposées aux malades, comme la menuiserie, la serrurerie ou les travaux des champs. Les pensionnaires participent ainsi à la vie de l’hospice conçu comme une colonie agricole.
L’Hospice de Perreux constitue la seule réalisation directe de l’Etat dans la structure sanitaire du canton, les autres institutions relevant de la bienfaisance privée. Le canton vient ainsi compléter l’offre sanitaire déjà existante en comblant une lacune importante. En regroupant les incurables dans une structure adaptée, il libère les hôpitaux et facilite leur médicalisation. Bien que relevant du canton, l’hospice de Perreux profite aussi de nombreux dons privés qui permettent la réalisation de nouvelles annexes.
Donzé, Pierre-Yves, Bâtir, gérer, soigner, Genève : Georg Editeur, 2003, pp. 87-90.
Perreux, 100 ans : 1890-1900, le temps de la construction : 1990-2000, le temps de la rénovation, Perreux : Hôpital psychiatrique cantonal, 1997.